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Le Monde de Mara
30 août 2009

Lewis Carroll

Lewis Carroll (de son vrai nom Charles Lutwidge Dodgson) est un écrivain, photographe et mathématicien britannique né le 27 janvier 1832 à Daresbury, dans le Lancashire et mort le 14 janvier 1898 à Guildford.

LewisCarrollSelfPhoto

Charles Lutwidge Dodgson naît en 1832, d’un père pasteur, au sein d’une famille de onze enfants dont deux seulement se sont mariés. Tous étaient comme lui gauchers et, comme lui, bégayaient. Dans l'isolement du presbytère, ces anomalies, partagées par une communauté soudée, permirent à Charles de développer une personnalité d’enfant doué, hors des normes, dans un cocon protecteur.
Le psychanalyste américain John Skinner estime que la gaucherie est à l’origine de cette obsession du renversement qui constitue l’un des thèmes dominants de Lewis Carroll. Dans De l’autre côté du miroir, le temps aussi bien que l’espace se trouvent inversés. On écrit à l’envers, on souffre d’abord, on se blesse ensuite. Dans ce monde bizarre, il faut s’éloigner du but pour l’atteindre.
Charles Dodgson, dans son âge mûr, devait prendre souvent plaisir à mystifier ses jeunes correspondantes en commençant ses lettres par la signature et en les terminant par le commencement.

« Un personnage guindé, toujours vêtu d’une redingote noire à peine ouverte sur un faux col d’ecclésiastique, promenant un visage aux traits fins et aux accents mélancoliques. Ses cours, qu’il débitait mécaniquement, suscitaient surtout l’ennui ».
Tel est le souvenir que conservaient, vers 1930, d’anciens élèves du cours de mathématiques professé par le révérend Charles Lutwidge Dodgson.
Lorsqu’en 1855 l’ancien élève du Christ Church College d’Oxford y devient enseignant, Charles Dodgson est brutalement projeté dans le monde des adultes. Plus personne avec qui jouer ou rêver, plus personne avec qui communiquer.
Mal à l’aise parmi les adultes, il fraie peu avec ses collègues. Sans amis, n’entretenant que des relations, ce célibataire déambule, solitaire, par les rues. Distant vis-à-vis de ses jeunes élèves, il ne lui reste d’autre issue que s’évader dans le jardin enchanté du nonsense, traverser le miroir.
C’est à cette époque que naît véritablement Lewis Carroll. À l’abri de la redingote du révérend Dodgson, l’enchanteur va faire paraître poèmes et articles dans des magazines.

En 1856, il collabore en particulier avec le magazine The Train dont le rédacteur, Edmund Yates, choisira parmi quatre pseudonymes proposés par Charles Dodgson celui de Lewis Carroll.
Cette même année, traversé par le pressentiment de ce qui sera plus tard le spectacle cinématographique, il écrit dans son journal : « Je pense que ce serait une bonne idée que de faire peindre sur les plaques d’une lanterne magique les personnages d’une pièce de théâtre que l’on pourrait lire à haute voix : une espèce de spectacle de marionnettes ».
Il achètera son premier appareil photographique à Londres le 18 mars 1856. Quelques jours plus tard, il se rend dans le jardin du doyen Liddell au Christ Church College pour photographier la cathédrale. Il y trouve les trois fillettes Liddell dont Alice, sa future inspiratrice, et les prend pour modèle.
Rapidement, il excelle dans l’art de la photographie et devient un photographe réputé. Son sujet favori restera les petites filles mais il photographie également des connaissances : peintres, écrivains, scientifiques ainsi que des paysages, statues et même des squelettes, par curiosité anatomique.
Cette passion durera jusqu’en 1880 et donnera naissance à quelques trois mille clichés dont un millier ont survécu au temps et à la destruction volontaire.

Le temps du chef-d’œuvre, ce fut « au cœur d’un été tout en or », la journée du 4 juillet 1862. Le lieu, un canot sur la rivière, l’Isis, dans lequel se trouvaient Alice et ses deux soeurs, Lorina et Edith Liddell, ainsi qu'un collègue de Dodgson, Duckworth.
Alice, alors âgée de dix ans, fut l’inspiration de Charles Dodgson. Il la courtisait au moyen de devinettes ou de belles histoires composées à son usage.
L’histoire qu’il racontait par-dessus son épaule à Alice, assise derrière lui dans le canot, fût improvisée avec brio tout en maniant l’aviron. Lorsque la fille lui demanda d’écrire pour elle son histoire, il accomplit son chef-d’œuvre : un manuscrit des « Aventures d’Alice sous terre », précieusement calligraphié et illustré. Il l’offrira à son inspiratrice, Alice Liddell, le 26 novembre 1864.
Charles Dodgson rédigera une deuxième version, Les Aventures d'Alice au pays des merveilles, destinée à une publication en librairie. Il se rendra à Londres en janvier 1864 pour convaincre John Tenniel de créer les illustrations d’Alice. Leur collaboration ne sera pas sans accrocs : aucun détail n’échappera à la minutieuse critique de Charles Dodgson. Il dédicacera les premiers exemplaires pour des amis en juillet 1865. Le succès sera immédiat.
À la Noël 1888, il commencera une troisième version Alice racontée aux petits enfants. Les premiers exemplaires seront distribués à la fin de 1889.
En écrivant Alice, Lewis Carroll s’est placé sous le signe de la féérie mais il n’en conserve que l’apparence. Point de fées mais les personnages de l’univers merveilleux : roi, reine, nain, sorcière, messager, animaux doués d’un comportement et d’un langage humain. À une pléiade de personnages insolites s’ajoutent les pièces d’un jeu d’échecs, des cartes à jouer vivantes. Clin d’œil à ses lecteurs, des personnages charmants empruntés aux nursery rhymes de son enfance : Humpty-Dumpty, les jumeaux Tweedledum et Tweedledee.
Si Lewis Carroll s’inscrit dans une tradition, c’est pour la plier à son inspiration : jeux verbaux, chansons, devinettes jalonnent le récit. À maints égards son œuvre est étonnamment audacieuse. Les personnages ne semblent pas accepter les métamorphoses répondant à une saine logique - comme celle de la citrouille devenant carrosse - et cherchent au contraire à y échapper. La parodie est l’une des clés qui ouvre au lecteur l’univers d’Alice.
Les personnages font en quelque sorte le contraire de ce qu’on attend d’eux. C’est l’inversion, une seconde clé du pays des merveilles. La troisième clé est le non-sens, un genre que Lewis Carroll manipule avec génie. Le nonsense feint de laisser espérer au lecteur une explication logique puis traîtreusement trompe ses habitudes de pensée.
Alice est en porte à faux dans le pays des merveilles comme Charles Dodgson l’était dans la réalité. Elle fait tout à rebours ou à contretemps de ce qui est convenable sur un plan social. Elle est toujours trop grande ou trop petite et a conscience de son inadaptation. La reine blanche l’accuse carrément de vivre à l’envers et lui conseille d’apprendre à croire à l’impossible. Mais au contraire de Charles Dodgson qui subissait la réalité, Alice ose se rebeller contre celui de l’anormalité. Elle est hardie et sereine, la projection idéalisée de son auteur.

Bibliographie:

1845 - Poésie instructive et utile, (Useful and Instructive Poetry)
1848 - La Revue du presbytère, (The Rectory Magazine)
1850-1853 - Le Parapluie du presbytère, (The Rectory Umbrella)
1855-1862 – Micmac, (Mischmasch)
1856-1857 - The Train, (revue littéraire) - contributions
1858 - Le cinquième livre d'Euclide prouvé par l'algèbre, (The Fifth Book of Euclid Treated Algebraically)
1860 - Éléments de géométrie plane algébrique, (A Syllabus of Plane Algebraic Geometry, Systematically Aranged with Formal Definitions, Postulates, and Axioms)
1860 - Notes on the First Two Books of Euclid, Designed for Candidates for Responsions
Formules de trigonométrie
1864 - Les aventures d’Alice sous terre, (Alice's Adventures Under Ground) publiées en 1886
1865 - Alice au pays des merveilles, (Alice's Adventures in Wonderland)
1866 - Condensation of Determinants, Being a New and Brief Method for Computing their Arithmetic Values.
1867 – Voyage en Russie (Russian Journal) avec le docteur Lindon, publié à titre privé en 1928 puis en 1935.
1867 - Traité Élémentaire des Déterminants (An Elementary Treatise on Determinants with their Application to Simultaneous Linear Equations and Algebraic Geometry).
1867 - Bruno's Revenge publié en 1924.
1868 - The Fifth Book of Euclid Treated Algebraically, so far as it Relates to Commensurable Magnitudes.
1869 - Phantasmagoria et poèmes divers , (Phantasmagoria and Other Poems).
1872 - De l'autre côté du miroir et ce qu' Alice y trouva, (Through the Looking-Glass, and What Alice Found There).
Jabberwocky
.
Le Frelon à perruque, (The Wasp in a Wig). Chapitre amputé de Through the Looking-Glass, and What Alice Found There et publié indépendamment en 1974.
Le nouveau clocher, (The New Belfry Of Christ Church)
1873 - The Enunciations of Euclid I-VI, Together with Questions on the Definitions, Postulates, Axioms, &c.
1873 - The Vision of the Three T's
1876 - La Chasse au Snark, (The Hunting of the Snark)
1879 - Euclide et ses rivaux modernes, (Euclid and His Modern Rivals)
1882 - (Euclid, Books I, II)
1883 – Rime ou Raison ou Sans rime ni raison (Rhyme? and Reason?)
Les principes de la représentation parlementaire
1885 - Supplément à Euclide et ses rivaux modernes, (Supplement to Euclid and His Modern Rivals)
1885 - Une histoire embrouillée, (A Tangled Tale')
1886 – Logique sans peine ou Jeu de la logique, (The Game of Logic) publié en 1887
Curiosa mathematica
1886 – Les Aventures d'Alice sous terre, (Alice's Adventures Under Ground)
1888 - Isa visite Oxford (Isa's visit to Oxford)
1889 - Alice racontée aux petits enfants , (The Nursery Alice)
1889 - Sylvie et Bruno, (Sylvie and Bruno)
1893 - Sylvie and Bruno Concluded
1895 - What the Tortoise Said to Achilles
1896 - La logique symbolique, (Symbolic Logic, Part I)
1898 - Three Sunsets and Other Poems

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Alice Liddell, photographie de Lewis Carroll

 

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R
After read blog topic's related post now I feel my research is almost completed. happy to see that.Thanks to share this brilliant matter.
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