Retour à Killybegs de Sorj Chalandon

 

 

 killybegs

 

 

Publié par Grasset 

334 pages

20 euros

première publication: 2011

 

 

Résumé:

 

“Maintenant que tout est découvert, ils vont parler à ma place. L'IRA, les Britanniques, ma famille, mes proches, des journalistes que je n'ai même jamais rencontrés. Certains oseront vous expliquer pourquoi et comment j'en suis venu à trahir. Des livres seront peut-être écrits sur moi, et j'enrage. N'écoutez rien de ce qu'ils prétendront. Ne vous fiez pas à mes ennemis, encore moins à mes amis. Détournez-vous de ceux qui diront m'avoir connu. Personne n'a jamais été dans mon ventre, personne. Si je parle aujourd'hui, c'est parce que je suis le seul à pouvoir dire la vérité. Parce qu'après moi, j'espère le silence.”

 

Killybegs, le 24 décembre 2006

Tyrone Meehan

 

 

 

Commentaire:

 

En 2008, je découvrais la plume de Sorj Chalandon à travers Mon traître. Et ce fût le coup de foudre. Rarement un livre ne m’avait autant bouleversé. Après cette lecture, je me suis plongée dans ses précédents romans: Le Petit Bonzi et Une promesse. Avec toujours le même plaisir! En 2009, la rentrée littéraire était l’occasion pour moi de retrouver une nouvelle fois l’auteur avec La Légende de nos pères. Cette année, le roman de la rentrée que j’attends le plus, c’est celui-ci: Retour à Killybegs. Renouer avec l’Irlande, retrouver “mon traître”, entendre enfin sa voix.

 

Dès les premières lignes, on sait que c’est du Chalandon. J’ai retrouvé avec bonheur son style, c’est comme retrouvé un ami que l’on avait perdu de vue. Ses mots, ses phrases font mouche. J’avais l’impression d’avoir Tyrone Meehan en face de moi, me racontant son histoire.

 

Au fil des pages, c’est toute l’histoire de Meehan qui défile devant nous. De son enfance à Killybegs jusqu’à la toute fin, à Killybegs. Durant toute la première partie du roman, on voit grandir Tyrone, on le voit évoluer. Devenir un homme, un membre de l’IRA respecté. A travers sa voix, c’est le quotidien des combattants de l’IRA que l’on découvre. Certains passages sont poignants. Le passage où Tyrone est en prison est très marquant. Les conditions de vie des prisonniers sont assez insoutenable. Durant toute la première partie du roman, on ne cesse de se demander comment cet homme a pu devenir un traître à sa cause, lui si profondément attaché à elle. 

Et puis, arrive le moment où tout bascule, où il devient un traître. Et même après, je n’ai pas réussi à lui en vouloir. Déjà dans Mon traître, le voir à travers les yeux d’Antoine m’avait empêché de le détester. 

 

J’ai dévoré ce roman: acheté le matin, fini le soir. Un réel coup de coeur!! Certains passage m’ont fait avoir les larmes aux yeux. C’est un bel hommage de Chalandon à son ami, à “son traître” à lui, mais aussi à l’Irlande et à ses habitants.

 

Vous l’aurez compris, j’ai adoré, dévoré ce roman. Si vous avez aimé Mon traître, n’hésitez pas. Ce nouveau roman est une réussite. D’ailleurs, il fait parti des 30 romans sélectionnés par les libraires et les adhérents Fnac pour le prix Fnac de la Rentrée Littéraire 2011.

 

 

 

 

Deux extraits que j’ai relevé:

 

“Plus un bruit. Seul notre hymne national, notre fierté de cristal et Cathy Malone qui pleurait à verse. Le drapeau ennemi brûlait, tombé sur la rue humide, défié par une poignée de patriotes, quelques femmes enveloppées de leur châle, dix enfants aux genoux écorchés et deux policiers irlandais en uniforme. Jamais, vraiment, de toute ma vie, de commémorations immenses en célébrations grandioses, je ne retrouverai la beauté brute et la joie de cet instant.” (pages 33-34)

 

“L’IRA. Ce n’était plus trois lettres noires, bavées sur notre mur à la peinture haineuse. Ce n’était plus une condamnation entendue à la radio. Ce n’était plus une crainte, une insulte, l’autre nom du démon. Mais c’était un espoir, une promesse. C’était la chair de mon père, sa vie entière, sa mémoire et sa légende. C’était sa douleur, sa défaite, l’armée vaincue de notre pays. Jamais je n’avais entendu ces trois lettres prononcées par d’autres lèvres que les siennes. Et voilà qu’un gaillard de mon âge osait les sourire en pleine rue.” (page 59)

 

 

D’autres extraits m’ont marqué mais ils sont trop nombreux pour que je les mette tous.

 

 

Pour finir, je n’ai qu’une chose à dire:

 

Eirinn go Brach!

 

 

 

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Carte pour situer Killybegs

 

 

 

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Killybegs actuellement

 

Lecture en août 2011

 

 

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Livre lu dans le cadre du challenge 1% Rentrée Littéraire: 4/7

 

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Grand Prix du Roman de l'Académie Française 2011

 

Sélection finale du Prix Goncourt 2011 (résultat le 3 novembre)

 

Deuxième sélection du Prix Interallié 2011 (dernière sélection le 3 novembre)